Entretien de Patrick Senior, CEO du Groupe BSL, coût du MAC et fin du CICE la double peine

interview-cout-mac-fin-CICE-Patrick-Senior-groupe-bsl-securite

Après le rapport de la Cour des Comptes sur les activités privées de sécurité qui a créé une onde de choc, Patrick Senior, CEO du Groupe BSL a tenu à exposer son point de vue sur les axes d’améliorations possibles du secteur et les nouvelles contraintes à venir

 

Comment améliorer la qualité de service des entreprises de sécurité ?

Patrick Senior : « Plusieurs actions peuvent être entreprises afin de rehausser la qualité de service. Prenons la formation, bien que le MAC soit entré en vigueur et le CQP réformé, il y a toujours beaucoup de travail à faire en amont. Aujourd’hui, il y a une absence quasi systématique de sélection des candidats aux CQP dispensés par les Organismes de Formation et financés par Pôle Emploi (si ce n’est l’autorisation préalable à la formation délivrée par le CNAPS). Il est important, avant de les accepter en formation, de les rencontrer afin de pouvoir se rendre compte, si après le diplôme ils seront capables d’exercer le métier d’agent de sécurité.

Un deuxième axe d’amélioration serait la technologie. En effet, de nos jours, nous avons à disposition des appareils efficaces qui rendent notre travail plus efficient, nous nous devons de les inclure dans nos offres afin de tirer la qualité de nos services vers le haut !

Et enfin, peut-être la partie la plus difficile à comprendre pour les donneurs d’ordre : la hausse des salaires et donc des prix. Les donneurs d’ordres ne peuvent s’attendre à une qualité de service irréprochable s’ils ne nous permettent pas d’embaucher nos agents de sécurité au salaire qu’ils méritent en fonction de leur expérience. »

 

Comment changer cette course au prix le plus bas ?

PS : « Je pense que l’état se doit de donner l’exemple et qu’il doit donc y avoir un changement de politique des marchés publics. Si les marchés publics commencent à se focaliser sur les compétences du prestataire et non sur ses prix alors les donneurs d’ordre du privé commenceront à faire de même. »

 

Quel rôle voyez-vous pour le CNAPS dans le futur ?

PS : « Le CNAPS devrait augmenter le nombre et la fréquence de ses contrôles sur les prestataires des marchés publics, car si il y encore de nombreux manquements. De plus, cela donnerait le ton et inciterait les entreprises peu scrupuleuses sévissant dans le privé à se mettre en conformité avec la loi. De plus, il devrait sensibiliser les donneurs d’ordres sur les dangers de la sécurité à bas prix, afin qu’ils comprennent les tenants et les aboutissants de ce choix risqué. Enfin le CNAPS devrait travailler en étroite collaboration avec les services de l’URSSAF et mettre en cause systématiquement le donneur d’ordre en cas de passation de marché à des tarifs « anormalement » bas, rappelons la fiche de cout de revient j’avais élaboré avec l’URSSAF son effet fut assez significatif durant quelques années…

 

Vous nous avez parlé de dispositifs technologiques, quelle est, selon vous, la meilleure combinaison technologie-humain ?

PS : « Nous ne pouvons plus nous contenter de l’agent de sécurité tel que nous nous le représentions au début des années 2010. Aujourd’hui la technologie est un réel outil de travail et il faut continuer dans ce sens-là.

Alors qu’en France, nous introduisons à peine les drones et les smartphones connectés pour travailleurs isolés, les policiers chinois eux, sont équipés de lunettes connectées avec reconnaissance faciale. Voilà un bel exemple de binôme technologie-humain ! »

 

Partager